Chronique Judiciaire : la caverne d’Ali Baba

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Tribunal de grande instance de Lyon, comparution immédiate du vendredi 12 avril 2019.

C’est la dernière affaire des comparutions immédiates de l’après-midi, la fatigue se fait sentir, malgré les nombreux aller-retours des avocats qui persistent. Marc*, l’accusé, entre dans le box des accusés dans un lourd silence. Sous de faux airs décontractés, il se tient debout vêtu d’un pull et d’un survêtement. 

Du 1erjanvier 2018 au 8 avril 2019, il est arrêté plusieurs fois pour détention de stupéfiants comme la cocaïne, le cannabis ou encore de l’ecstasy. Le 10 avril dernier, en récidive légale, un dispositif de surveillance est mis en place. Une femme entre chez lui et en ressort 10 minutes plus tard. Aussitôt dehors, elle se roule un joint. Les policiers vont à sa rencontre sans attendre. Elle avoue sur le champ, elle vient acheter 1 gramme par mois à celui qui se fait surnommer « Max ». La femme va dévoiler qu’elle ne serait pas la seule cliente, mais qu’il y en aurait 3-4. Un argument que le prévenu nie en tout genre « je n’ai seulement que deux clients, elle et son ami ». Marc rejette les autres accusations, « je lui fournis seulement 1 fois tous les 2 mois ». Ce qui est tout de même interdit par la loi, comme lui fait remarquer la présidente. 

Une perquisition au domicile de Marc est ordonnée. Sur place, les forces de l’ordre restent sans voix. C’est une vraie « mine d’or » qu’ils trouvent au milieu du salon. Entre 750 grammes de cannabis, 3000 cachets d’ecstasy, 20g cocaïne et de kétamine, 125 grammes de MDMA ou encore 2 600 €, la liste est longue et les policiers ne savent plus où regarder. Le suspect précise qu’il ne vend pas tout mais qu’il tient aussi le rôle de nourrice. Il vend les cachets qui sont dans des sachets ouverts, mais le reste, qui sont sous scellées, il les garde au chaud à la demande d’autre vendeurs ou consommateurs. C’est grâce à ce rôle qu’il arrive notamment à finir les fins de mois, puisqu’il touche 500 € par mois, en plus des stupéfiants qu’il revend. Cependant, pour la revente, il ne se fait pas toujours payer en liquide mais parfois en cannabis. Grand fumeur, il fume entre 10 et 15 joints par jour. A cette information, on entend un petit brouhaha qui s’élève dans la salle, « c’est énorme ! ». 

Déjà condamné 10 fois, 4 fois pour détention de stupéfiants, une peine de 40h de travaux d’intérêt général pendant six mois ont été ordonné. Adolescence difficile, abandonné par sa mère il se retrouve en famille d’accueil. A la mort de la mère, à l’âge de 12 ans il est envoyé en foyer duquel il fugue pour retrouver le père de sa famille d’accueil. Le prévenu joue énormément là-dessus, « je suis seul, c’est pour ça que j’en suis arrivé là ». Il comprend son erreur, et supplie la juge de lui laisser une autre chance pour arriver à s’en sortir « je me suis fait aider pour mon addiction au cannabis par une association, je pourrais le refaire ». La présidente lui répond que la justice a déjà fait beaucoup pour lui, « nous vous avions déjà fait une faveur et vous recommencez, comment voulez-vous qu’on vous fasse confiance dorénavant ? ». Face à cette question, le suspect baisse les yeux et ne répond rien. 

La procureure se lève et, tout en rappelant les faits énoncés quelques minutes plus tôt par la présidente, demande 36 mois de prison et 10 000 € d’amende. Quelques chuchotements dans la salle se font entendre, les peines estimées beaucoup trop grosses. La procureure précise que si l’amende est aussi élevée c’est pour rembourser ce qu’il a gagné avec son activité de nourrice. L’avocate de Marc essaie de le défendre en démontrant qu’il essaie de s’en sortir malgré un lourd passé et une enfance compliquée, « le sport lui permet de s’évader, ça l’a énormément aidé » persiste-t-elle. L’avocate poursuit en essayant de faire comprendre à la Cour que Marc a reconnu les faits et regrette. 

Son passé chargé n’arrange pas tellement les choses, accusé de vols aggravés et d’escroqueries, cette énième condamnation est celle de trop pour la juge qui donnera son jugement dans quelques minutes. 

AFFAIRE SUIVANTE !

*Le prénom a été changé pour conserver l’anonymat

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